
IFU et informations fournies par le fabricant : comment aligner MDR, ISO 20417 et ISO 15223-1 ?
Reglementation des dispositifs medicaux
Les fabricants de dispositifs médicaux savent que la notice d’utilisation n’est qu’un élément parmi d’autres dans l’ensemble des informations que le MDR exige de fournir. Entre les obligations réglementaires, les exigences normatives et la maîtrise des risques, structurer correctement les étiquettes, les emballages et l’IFU devient un exercice d’équilibriste. L’ISO 20417 apporte un cadre utile, mais ne remplace pas les obligations du MDR qui restent prioritaires.
Cet article propose une lecture croisée pratique.
1. Pourquoi les “informations fournies par le fabricant” sont au cœur de la conformité MDR
Le MDR place ces informations au centre de la maîtrise des risques et de l’aptitude à l’utilisation. Les GSPR, et notamment les sections 23.1 et 23.4, exigent que le fabricant fournisse toutes les données nécessaires pour une utilisation sûre et conforme à la destination.
Ces informations peuvent figurer sur le dispositif, son conditionnement, dans l’IFU, et doivent être disponibles et mises à jour sur le site internet du fabricant lorsqu’il en dispose.
Dans la pratique, l’IFU est aussi le support principal pour communiquer les risques résiduels identifiés via l’ISO 14971. C’est donc un document de sécurité à part entière, pas un simple mode d’emploi.
2. Que couvre exactement l’ISO 20417 ?
La norme définit et structure les “informations fournies par le fabricant” (définition 3.10) et distingue plusieurs catégories :
étiquette,
marquage,
emballage,
informations d’accompagnement (sonores, électroniques, multimédias, imprimées, tactiles),
autres informations comme la notice d’utilisation et la description technique.
Le diagramme de la norme illustre bien cette répartition. Elle clarifie également ce qui est hors champ : documents commerciaux, bordereaux de livraison, documents de douane… autant de contenus qui ne relèvent pas de la conformité réglementaire du dispositif.
3. Identification du dispositif : les éléments requis et conditionnels
L’ISO 20417 demande qu’au moins un identifiant distinct du produit soit fourni (identification du dispositif 1:1).
Autour de cet identifiant gravite une série d’éléments conditionnels :
nom commercial,
numéro de modèle,
référence catalogue,
description.
Le schéma “requis / conditionnel / facultatif” de la norme permet de structurer clairement la stratégie d’identification. Cette structuration aide à éviter les doublons et les variantes inutiles dans une gamme de produits.
4. Format des dates : exigences ISO 20417 section 5.4
Toutes les dates lisibles sans machine doivent suivre ISO 8601-1 :
AAAA-MM-JJ,
AAAA-MM,
AAAA.
Cette exigence s’applique sur l’étiquette, l’emballage, l’IFU, et plus largement sur tout support où apparaît une date : date de fabrication, date de péremption, durée de vie après ouverture, etc.
Ce choix normatif limite les interprétations et évite les erreurs liées à la diversité des normes nationales.
5. Les informations essentielles sur l’étiquette, l’emballage et dans l’IFU
L’ISO 20417 et le MDR se complètent :
Étiquette
identification du dispositif,
identification du fabricant (nom + adresse),
symboles requis ISO 15223-1,
conditions de conservation,
stérilité, le cas échéant,
UDI-DI + UDI-PI,
avertissements essentiels compatibles avec la taille et le support de l’étiquette.
Emballage
contenu de l’emballage,
modalités d’ouverture,
conditions de stockage et de transport,
UDI,
version linguistique si multiple.
IFU
La notice d’utilisation doit couvrir :
la destination et les utilisateurs prévus,
les performances attendues,
les instructions d’installation, d’utilisation, de nettoyage, de maintenance,
les risques résiduels (GSPR 23.4),
les limitations d’utilisation, contre-indications, précautions, avertissements,
les interférences raisonnablement prévisibles,
les conditions environnementales (champ magnétique, EMI, humidité, température…),
les restrictions liées aux matériaux (CMR, perturbateurs endocriniens, allergènes),
fin de vie et élimination,
mises à jour disponibles sur le site internet (GSPR 23.1).
6. Obligation de couvrir les risques résiduels : articulation MDR / ISO 20417
C’est un point fondamental.
Le MDR, via les GSPR 23.4.s, exige que les risques résiduels soient portés à la connaissance de l’utilisateur et du patient. Cela couvre :
défaillances possibles,
variations de performances,
influences externes,
interférences avec d’autres équipements,
restrictions liées aux médicaments ou matières biologiques éventuellement intégrés,
risques liés aux matériaux.
L’ISO 20417 complète cet objectif en listant les catégories d’informations à fournir dans la notice, notamment les limitations, précautions, contre-indications et avertissements. La convergence est claire : tout ce qui reste après la maîtrise des risques doit être communiqué.
7. Clarification des termes : limitations, contre-indications, précautions, avertissements
Cette distinction est souvent mal comprise. En pratique :
Limitations : bornes d’utilisation inhérentes aux performances ou à la conception du dispositif (plages, compatibilités, durée de vie, conditions d’environnement).
Contre-indications : situations où le dispositif ne doit pas être utilisé, car la balance bénéfice/risque devient défavorable.
Précautions : mesures opératoires ou comportements attendus pour maintenir un niveau de risque acceptable.
Avertissements : risques majeurs nécessitant une attention immédiate, pouvant conduire à un préjudice grave si ignorés.
Clarifier ces termes dès le début d’un projet évite d’empiler des mentions incohérentes dans les IFU.
8. Harmonisation MDR vs ISO 20417 : convergences, différences et priorités
La priorité revient toujours au MDR, mais les structures de l’ISO 20417 facilitent la mise en conformité.
Points convergents :
exigence d’identification,
nécessité de communiquer les risques résiduels,
alignement avec l’UDI,
cohérence avec les symboles ISO 15223-1.
Points différents :
vocabulaire sécurité (limitations/avertissements/précautions vs mises en garde/mesures requises),
exhaustivité des risques pour le MDR, plus large que la liste 20417,
approche linguistique, détaillée dans le MDR et absente des normes.
Cette double lecture est utile pour construire une documentation robuste.
9. Langues obligatoires : rappel essentiel
Les États membres imposent leurs propres langues pour les étiquettes et IFU. Cette obligation s’applique dès la mise à disposition sur le marché.
Les symboles ISO 15223-1 peuvent réduire la charge de traduction, mais ne dispensent jamais de fournir les informations critiques de sécurité dans la langue exigée.
Pour approfondir : l’article CSDmed dédié aux exigences linguistiques MDR/IVDR.
10. Cas pratiques
Cas pratique A : implant orthopédique
IFU riche en avertissements et précautions liés aux matériaux, à la mécanique, aux influences externes.
Risques résiduels nombreux : défaillance mécanique, rejet allergique, interférences IRM.
Importance de la cohérence entre l’étiquette, l’IFU et la documentation clinique.
Cas pratique B : logiciel médical (SaMD)
IFU électronique autorisée selon les règles applicables.
Risques résiduels liés à l’interface utilisateur, aux erreurs de saisie, à la cybersécurité.
Précautions liées à l’environnement informatique, aux mises à jour, à l’interopérabilité.
11. Mini-FAQ
Quand une IFU peut-elle être fournie en version électronique ?
Dans les cas prévus par la réglementation européenne sur les eIFU, et si le dispositif n’est pas destiné au patient.
Quels symboles sont indispensables sur l’étiquette ?
Ceux de l’ISO 15223-1 pertinents pour le dispositif : fabricant, date, UDI, stérilité, conditions de stockage, etc.
Faut-il lister tous les risques résiduels dans l’IFU ?
Oui, lorsqu’ils sont pertinents pour la sécurité ou la performance (GSPR 23.4).
Comment choisir entre avertissement, précaution et limitation ?
En fonction du niveau de risque, de la sévérité potentielle et du rôle de l’utilisateur dans la maîtrise.
Comment gérer les mises à jour d’IFU ?
Elles doivent être disponibles sur le site du fabricant et maintenues à jour comme le prévoit le GSPR 23.1.
Conclusion
Une documentation cohérente, bien alignée entre MDR, ISO 20417 et ISO 15223-1, reste l’un des piliers de la conformité européenne. Derrière les symboles, les dates et les avertissements se joue surtout la transparence envers l’utilisateur et la maîtrise des risques.
C’est un sujet où l’accompagnement expert est souvent décisif, notamment pour harmoniser une gamme de produits, rationaliser les IFU et éviter les incohérences qui ralentissent les dossiers réglementaires.
CSDmed apporte son expertise et une approche méthodique à ses clients, start-ups, fabricants, importateurs et distributeurs de dispositifs médicaux, grâce à une équipe d’experts et de consultants spécialisés, qui pourront traiter votre dossier R&D, votre SMQ, et votre dossier technique MDR dans leur entièreté.
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